Je n’ai connu la compagnie de maman que mes six premiers
mois.
J’étais petit, naïf et joueur – trop, sans doute.
Je m’en souviens comme si c’était hier : je dessinais un feu d’artifice sur la fine couche de poussière couvrant les rouges carreaux du salon, quand me vint l’idée de lui faire part de ma fierté.
J’aimais beaucoup les feux d’artifice. Maman m’en avait fait voir, le mois précédent.
J’étais petit, naïf et joueur – trop, sans doute.
Je m’en souviens comme si c’était hier : je dessinais un feu d’artifice sur la fine couche de poussière couvrant les rouges carreaux du salon, quand me vint l’idée de lui faire part de ma fierté.
J’aimais beaucoup les feux d’artifice. Maman m’en avait fait voir, le mois précédent.
- Mamaaan ! Mamaaan ! Mamaaan !
Je lui montrais mon dessin.
- QUOI ?! Tais-toi, crapule !
- Mamaan, mamaaan ! continuais-je de plus belle, tout fier de mon art.
- Mamaan, mamaaan ! continuais-je de plus belle, tout fier de mon art.
Elle finit par venir.
- AAAAAAAAAH !!! Qu’est-ce que t’as fait à mon beau
carrelage ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !
- Mamaan… sanglotais-je.
- Putain tu vas me nettoyer ça tout d’suite, et EN VITESSE !
- Mamaan… sanglotais-je.
- Putain tu vas me nettoyer ça tout d’suite, et EN VITESSE !
Évidemment, je ne comprenais pas – je n’avais que six mois.
- Putain tu vas me nettoyer ça, j’en ai marre de toujours
laver tes conneries !
- Ouiiiiin…
- Et il pleurniche avec ça ! Non mais qu’est-ce que je vais faire de toi !
- Ouiiiiin…
- Et il pleurniche avec ça ! Non mais qu’est-ce que je vais faire de toi !
Je continuais de pleurer, souffrant d’une terrible
culpabilité dont la cause m’était inconnue.
- Arrête de chialer !!!
Elle me secoua.
- T’arrêtes oui ?
On sonna.
- Oh, on sonne ! Tu m’attends mon chéri !
Tout décontenancé, je me dirigeai vers la plante, à laquelle
j’arrachai compulsivement quelques feuilles.
Un gros être me prit.
- Aaaaaaaaaaaaah mamaaaaaaaaaaaaan !
- Là-bas au moins, tu apprendras la politesse ! Je serai débarrassée de toi !
Un gros être me prit.
- Aaaaaaaaaaaaah mamaaaaaaaaaaaaan !
- Là-bas au moins, tu apprendras la politesse ! Je serai débarrassée de toi !
Voilà les faits tels que je m’en souviens. Ma mémoire est
bonne, car je n’ai cessé de les ressasser depuis que je suis enfermé dans ce
cachot.
Quand je me suis réveillé, une carafe d’eau et du pain sec m’attendaient – du fait de mon jeune âge, je ne pouvais le croquer.
Quand je me suis réveillé, une carafe d’eau et du pain sec m’attendaient – du fait de mon jeune âge, je ne pouvais le croquer.
- Maamaaaan ! Mamaaaaaan !
- Elle est partie, ta maman. Tu seras bien mieux ici.
- Elle est partie, ta maman. Tu seras bien mieux ici.
Je levai la tête : c’était un gigantesque canard jaune.
- Aaaaaaaaaaaaah ! Aaaaaaaaaaaaaaaaah !
Aaaaaaaaaaaaaaaah !
J’avais très peur.
- Maman maman maman maman maman !
- Écoute mon petit, ici tu apprendras la politesse.
- Aaaaaaaaaaaaaaaah ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !
- Écoute mon petit, ici tu apprendras la politesse.
- Aaaaaaaaaaaaaaaah ! Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !
Il s’assit face à moi.
- Ici, m’affirma-t-il en me tapotant le genou, est le lieu
de ta dernière chance.
- Mamanmamanmamanmaman !
- Arrête avec ça. Tu la reverras hypothétiquement dans vingt ans, si tu es sage.
- Mamanmamanmamanmaman !
- Arrête avec ça. Tu la reverras hypothétiquement dans vingt ans, si tu es sage.
Et il me laissa là, prenant bien soin de fermer la porte à
clef.
J’étais tout décontenancé : pourquoi me trouvais-je enfermé dans cet étroit endroit ? Pourquoi maman a-t-elle laissé cette chose m’accaparer – s’agissait-il d’elle ou d’un intermédiaire ?
Peut-être maman pensait-elle me faire visiter notre modeste ville avec lui, peut-être était-il son nouvel amant qui n’avait en tête que de me perdre.
Peut-être… peut-être était-ce une punition.
J’étais tout décontenancé : pourquoi me trouvais-je enfermé dans cet étroit endroit ? Pourquoi maman a-t-elle laissé cette chose m’accaparer – s’agissait-il d’elle ou d’un intermédiaire ?
Peut-être maman pensait-elle me faire visiter notre modeste ville avec lui, peut-être était-il son nouvel amant qui n’avait en tête que de me perdre.
Peut-être… peut-être était-ce une punition.
- C’est une punition, petit ! ne cessait de me répéter
celui que j’allais par la suite appeler Canard.
- Veux maman !
- Tu n’as pas été sage, ce pourquoi ta mère m’a demandé de t’enfermer dans ce cachot pour une vingtaine d’années.
- Veux maman !
- Tu n’as pas été sage, ce pourquoi ta mère m’a demandé de t’enfermer dans ce cachot pour une vingtaine d’années.
J’essayai de le frapper.
- Aaaah, je t’y prends, petit chenapan ! Ta mère me l’a
dit, que tu étais un caractère difficile ! Mais ça ne va pas se passer
comme ça !
Il partit, me laissant seul à mes angoisses. Il revint.
- Me revoilà ! Écoute petit, puisque ce sont tes débuts
ici, je veux bien te laisser une chance. Mais la prochaine fois que tu me
refais un coup pareil, ce ne sont pas des coups que tu recevras, mais des
années supplémentaires de prison ! Tu sais, vingt ans passent vite, mais
qu’en est-il de vingt-et-une, vingt-deux, vingt-trois, trente ou quarante ? Une
année par coup, souviens-t-en !
Vous vous doutez que la peine de quarante ans, cela fait bien
longtemps que je l’ai dépassée!
Tiens, Canard ouvre la porte.
Tiens, Canard ouvre la porte.
- JE SUIS MAJEUR DEPUIS LONGTEMPS TU DOIS ME LIBÉRER,
IGNOBLE PERSONNAGE, REPOUSSANT ÊTRE À PLUMES !
- Un mois supplémentaire, soupire-t-il. Voici votre pain sec et votre verre d’eau.
- J’en veux pas de ton verre d’eau sale enfoiré !
- Quelle impolitesse ! Si vous n’êtes pas content vous pouvez partir !
- Je ne suis PAS content ! Je VEUX partir !
- De la locomotive, qu'il est bête !
- Un mois supplémentaire, soupire-t-il. Voici votre pain sec et votre verre d’eau.
- J’en veux pas de ton verre d’eau sale enfoiré !
- Quelle impolitesse ! Si vous n’êtes pas content vous pouvez partir !
- Je ne suis PAS content ! Je VEUX partir !
- De la locomotive, qu'il est bête !
Il repousse la porte.
Ah, les moments de blues, j’en ai vécu !
Mais l’espoir ne m’a jamais quitté.
Je me souviens, à trois ans, une fée m’est apparue, derrière la meurtrière.
Ah, les moments de blues, j’en ai vécu !
Mais l’espoir ne m’a jamais quitté.
Je me souviens, à trois ans, une fée m’est apparue, derrière la meurtrière.
- Petit garçon… Petit garçon.
- Oui ?
- Viens petit garçon !
- Je peux pas !
- Veux-tu découvrir… le miracle ?
- Je sais pas si Canard serait d’accord.
- Oh, tu peux bien laisser ta peluche cinq minutes. Viens un peu jouer avec moi, petit garçon !
- Je peux pas sortir.
- Oh, sont-ce tes parents qui t’en empêchent ?
- C’est Canard.
- C’est… ainsi que tu les nommes ?
- Non Canard c’est pas mes parents c’est un méchant qui m’enferme.
- Oh… ton père te maltraite ?
- Je sais pas ce que ça veut dire.
- Est-ce qu’il te bat ?
- Non, mais il m’ajoute des années de cachot tout le temps, alors maintenant je dois passer encore trente-cinq ans en prison pour devenir un homme bien.
- Quelle abominable créature !
- C’est un canard.
- Vilain canard !
- Mais madame si t’es une fée, est-ce que tu peux me libérer par ta magie ?
- Oui ?
- Viens petit garçon !
- Je peux pas !
- Veux-tu découvrir… le miracle ?
- Je sais pas si Canard serait d’accord.
- Oh, tu peux bien laisser ta peluche cinq minutes. Viens un peu jouer avec moi, petit garçon !
- Je peux pas sortir.
- Oh, sont-ce tes parents qui t’en empêchent ?
- C’est Canard.
- C’est… ainsi que tu les nommes ?
- Non Canard c’est pas mes parents c’est un méchant qui m’enferme.
- Oh… ton père te maltraite ?
- Je sais pas ce que ça veut dire.
- Est-ce qu’il te bat ?
- Non, mais il m’ajoute des années de cachot tout le temps, alors maintenant je dois passer encore trente-cinq ans en prison pour devenir un homme bien.
- Quelle abominable créature !
- C’est un canard.
- Vilain canard !
- Mais madame si t’es une fée, est-ce que tu peux me libérer par ta magie ?
C’est alors qu’elle disparut. Jamais je ne la revis.
- Petit !
C’était Canard.
- Est-ce qu’une fée t’a parlé ?
- Non Canard.
- Baisse les yeux quand je te parle !
- Oui Canard.
- Chenapan ! Gredin ! Tu n’auras pas de pain sec !
- Je vais devenir tout maigre !
- Oh oh, qui se soucie de ton image, maintenant ? Tu auras bien le temps de grossir avant tes trente-huit ans !
- Ça fait combien trente-huit ans ? Moi je m’ennuie, dans le cachot. J’ai personne pour jouer.
- Il fallait y penser à deux fois, avant d’embêter ta mère ! C’est pour ton bien qu’on t’enferme !
- Non, parce que moi, je vais pas bien.
- T’es con ou quoi ? Ce n’est que par le mal que tu pourras avancer !
- Non, parce que quand j’ai mal, je bouge encore moins, c’est pas vrai ce que tu racontes !
- Méchant enfant ! Un mois de prison supplémentaire pour ta gueule !
- Moi j’ai pas de gueule parce que je suis humain, c’est même toi qui me l’as dit.
- Humain, toi ? Laisse-moi rire !
- Eh ben toi t’es un gros canard pourri !
- Deux mois supplémentaire !
- Ben moi je m’en fous, parce que je vais partir quand même !
- Non Canard.
- Baisse les yeux quand je te parle !
- Oui Canard.
- Chenapan ! Gredin ! Tu n’auras pas de pain sec !
- Je vais devenir tout maigre !
- Oh oh, qui se soucie de ton image, maintenant ? Tu auras bien le temps de grossir avant tes trente-huit ans !
- Ça fait combien trente-huit ans ? Moi je m’ennuie, dans le cachot. J’ai personne pour jouer.
- Il fallait y penser à deux fois, avant d’embêter ta mère ! C’est pour ton bien qu’on t’enferme !
- Non, parce que moi, je vais pas bien.
- T’es con ou quoi ? Ce n’est que par le mal que tu pourras avancer !
- Non, parce que quand j’ai mal, je bouge encore moins, c’est pas vrai ce que tu racontes !
- Méchant enfant ! Un mois de prison supplémentaire pour ta gueule !
- Moi j’ai pas de gueule parce que je suis humain, c’est même toi qui me l’as dit.
- Humain, toi ? Laisse-moi rire !
- Eh ben toi t’es un gros canard pourri !
- Deux mois supplémentaire !
- Ben moi je m’en fous, parce que je vais partir quand même !
J’ai maintes fois tenté. D’abord en profitant de sa venue chez
moi, puis en élaborant un langage très spécial attirant les fées – des vraies,
cette fois.
C’est ainsi que je rencontrai la petite fille-vieille dame.
J’avais cinq ans. Alors que je m’amusais avec mes haillons, malgré je le précise l’interdiction de Canard – « quelle horreur ! On ne t’a pas enfermé dans cette geôle pour que tu t’amuses avec du tissu ! Un mois supplémentaire, crapule ! » – je vis brusquement une petite fille devant moi.
C’est ainsi que je rencontrai la petite fille-vieille dame.
J’avais cinq ans. Alors que je m’amusais avec mes haillons, malgré je le précise l’interdiction de Canard – « quelle horreur ! On ne t’a pas enfermé dans cette geôle pour que tu t’amuses avec du tissu ! Un mois supplémentaire, crapule ! » – je vis brusquement une petite fille devant moi.
- Tu viens jouer ?
- Qu’est-ce que tu fais ici ? Si Canard te voit, il aura ta peau !
- Ne t’inquiète pas, ma peau ne risque pas de s’échapper – hi hi hi !
- De toute façon je sais pas jouer. Tu sais que t’es la première petite fille à pénétrer dans mon antre ?
- Ah bon ?
- Oui ! Un méchant canard m’y tient enfermé depuis mes six mois !
- Oh non ! C’est tellement triste !
- Qu’est-ce que tu fais ici ? Si Canard te voit, il aura ta peau !
- Ne t’inquiète pas, ma peau ne risque pas de s’échapper – hi hi hi !
- De toute façon je sais pas jouer. Tu sais que t’es la première petite fille à pénétrer dans mon antre ?
- Ah bon ?
- Oui ! Un méchant canard m’y tient enfermé depuis mes six mois !
- Oh non ! C’est tellement triste !
Elle pleura.
- Non s’il te plaît ne pleure pas, mon sort m’attriste déjà
tellement…
- Excuse-moi, mais ce que tu me racontes est tellement injuste… Pourquoi faut-il que pendant que les autres enfants s’amusent comme des petits fous dehors, au cerf-volant comme à la corde à sauter, au foot comme à voler des bonbons, tu sois condamné à vivre enfermé dans cette étroite pièce sous la croupe d’un méchant canard ?
- Excuse-moi, mais ce que tu me racontes est tellement injuste… Pourquoi faut-il que pendant que les autres enfants s’amusent comme des petits fous dehors, au cerf-volant comme à la corde à sauter, au foot comme à voler des bonbons, tu sois condamné à vivre enfermé dans cette étroite pièce sous la croupe d’un méchant canard ?
Je pleurai.
- Je ne sais pas, petite fille… Je ne sais pas du
tout ! Le canard dit que c’est pour mon bien, que c’est pour me punir et
qu’ainsi, je serai un homme bien lors de ma libération, meilleur que les autres
enfants.
- Je crois moi plutôt que tu ne seras plus que l’ombre de toi-même, détruit à jamais…
- Non, petite fille !
- Je crois moi plutôt que tu ne seras plus que l’ombre de toi-même, détruit à jamais…
- Non, petite fille !
Je pleurai de plus belle.
- Arrête petit garçon, ne désespère pas ! Je vais
trouver une solution !
- Oh oui, oh oui !
- Oh oui, oh oui !
Naïf que j’étais !
Canard revint, étonnamment gentil.
Canard revint, étonnamment gentil.
- Je vous ai concocté du poulet aujourd’hui.
- Merci Canard !
- Baissez les yeux !
- Oui, Canard.
- Merci Canard !
- Baissez les yeux !
- Oui, Canard.
Je le mangeai – il était répugnant : pouah !
pouah !
Je le vomis.
Je le vomis.
- Qu’avez-vous fait, pourriture ?
- Le poulet il était pas bon du tout, il était dégoûtant c’était du poison !
- Et c’est comme ça que vous me remerciez de changer votre régime de pain sec ! Puisque c’est comme ça, vous ne mangerez jamais comme les autres !
- Je m’en fous, parce que je suis différent !
- Un bien beau chenapan oui ! De l’ancien haut allemand schnappen : attraper ! Prends-en de la graine !
- Oui Canard !
- Baisse les yeux !
- Le poulet il était pas bon du tout, il était dégoûtant c’était du poison !
- Et c’est comme ça que vous me remerciez de changer votre régime de pain sec ! Puisque c’est comme ça, vous ne mangerez jamais comme les autres !
- Je m’en fous, parce que je suis différent !
- Un bien beau chenapan oui ! De l’ancien haut allemand schnappen : attraper ! Prends-en de la graine !
- Oui Canard !
- Baisse les yeux !
Clac-clac.
Quelques heures plus tard, ce fut une vieille dame à
l’allure bonne qui devant moi s’arrêta.
- Petit garçon !
- Oh, qui êtes-vous ?
- Je suis la fée de tout à l’heure – chhhhhht ! Ne dis rien à personne !
- Ben non pourquoi le dirais-je à Canard ?
- Chhhht, viens avec moi !
- Oh, qui êtes-vous ?
- Je suis la fée de tout à l’heure – chhhhhht ! Ne dis rien à personne !
- Ben non pourquoi le dirais-je à Canard ?
- Chhhht, viens avec moi !
C’est alors qu’elle traversa le mur.
- QUOI ? MADAME LA VIEILLE DAME REVIENS, JE PEUX PAS
TRAVERSER LES MURS !
Elle revint à moi, en pleurs.
- Oh non… Tu ne peux pas traverser les murs.
- Non je peux pas, sauf si tu me donnes ton pouvoir magique et qu’à mon tour, je deviens une fée !
- Ça va être compliqué.
- Non je peux pas, sauf si tu me donnes ton pouvoir magique et qu’à mon tour, je deviens une fée !
- Ça va être compliqué.
C’est alors que Canard ouvrit la porte.
- AH JE VOUS Y PRENDS, FÉE !
Se jetant sur elle, il ne se prit que le mur en pleine tête.
- COIN ! COIN ! COIN ! COIN !
Il avait très mal. Je ne bougeai pas le moindre auriculaire.
- Alors toi… dix ans… supplémentaires...
- Ouais.
- Ouais.
Mais on entendit derrière le mur la voix de ma
bienfaitrice :
- Vous ne perdez rien pour attendre, méchant homme ! Moi seule sais ce qui est bon pour lui !
- Ha, ha… Mais je… n’suis pas un homme !!! Coin… Coin… Coin… Coin…
- Oh je le sais, ne faites pas l’idiot !
- Vous ne perdez rien pour attendre, méchant homme ! Moi seule sais ce qui est bon pour lui !
- Ha, ha… Mais je… n’suis pas un homme !!! Coin… Coin… Coin… Coin…
- Oh je le sais, ne faites pas l’idiot !
Je pris une pierre contre moi – mon doudou Clochard – et me
recroquevillai. Canard m’adressa la parole.
- Tu arrêtes immédiatement de parler à cette folle !
Elle ne veut que ton mal ! Et tape-toi avec cette pierre !
- Bien, maître.
- Baisse les yeux, baisse les yeux !
- Bien, maître.
- Baisse les yeux, baisse les yeux !
C’est à ce moment que je pris conscience de la
non-invincibilité de ce monstre.
Alors, je soupirai de soulagement, et m’endormis. Canard ferma la porte à clef.
Alors, je soupirai de soulagement, et m’endormis. Canard ferma la porte à clef.
J’ai dit n’avoir pas connu d’ami, mais c’est faux :
j’ai eu Clochard, ma pierre Clochard dès mon plus jeune âge. C’était un
monsieur de plusieurs milliers d’années, rendu muet en raison de son Immortelle
Sagesse.
- Clochard, communique-la-moi !
- …
- Je sais que tu peux parler, que ce n’est qu’un blocage qui t’en empêche !
- …
- …
- Je sais que tu peux parler, que ce n’est qu’un blocage qui t’en empêche !
- …
Par nature pierre, il en était bien sûr incapable, mais j’ai
très longtemps été tenu par ce vain espoir… Un jour, j’en parlai à Canard.
- Baissez les yeux quand je vous parle !
- Oui Canard… Canard ?
- Quoi ?!
- Je voudrais… devenir canard.
- QUOI, QU’AVEZ-VOUS DIT ?
- Je crois que… je veux devenir canard, pour devenir… un homme bon. Et ainsi sortir de prison.
- ALORS LÀ, JAMAIS ! Je consens toutefois à remiser votre peine !
- Oh…
- Séparez-vous de cette pierre !
- ALORS ÇA, JAMAIS ! C’EST MON AMI CLOCHARD, IL EST GENTIL LUI !
- Bien.
- Oui Canard… Canard ?
- Quoi ?!
- Je voudrais… devenir canard.
- QUOI, QU’AVEZ-VOUS DIT ?
- Je crois que… je veux devenir canard, pour devenir… un homme bon. Et ainsi sortir de prison.
- ALORS LÀ, JAMAIS ! Je consens toutefois à remiser votre peine !
- Oh…
- Séparez-vous de cette pierre !
- ALORS ÇA, JAMAIS ! C’EST MON AMI CLOCHARD, IL EST GENTIL LUI !
- Bien.
Jamais il ne s’est emparé de Clochard ! Je suis
toujours demeuré fort, et agile ! Oui !
La petite fille revint. J’avais sept ans.
La petite fille revint. J’avais sept ans.
- Hep !
- C’est toi, Clochard ?
- Je suis la petite fille-vieille dame ! Veux-tu sortir d’ici ?
- T’es drôle toi, jamais ! J’y resterai jusqu’à ma mort !
- J’ai une bonne nouvelle : je suis invisible pour les canards !
- Oh !
- Par contre ils peuvent m’entendre, alors feins de parler à Clochard !
- Est-ce qu’un jour, Clochard va parler ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Le sort qu’il a reçu s’avère beaucoup trop intense ! Je demeure… une petite fille.
- Oh non…
- Mais ne désespère pas ! Veux-tu revoir ta famille ?
- Je n’ai plus de famille. C’est Canard, maintenant.
- C’est toi, Clochard ?
- Je suis la petite fille-vieille dame ! Veux-tu sortir d’ici ?
- T’es drôle toi, jamais ! J’y resterai jusqu’à ma mort !
- J’ai une bonne nouvelle : je suis invisible pour les canards !
- Oh !
- Par contre ils peuvent m’entendre, alors feins de parler à Clochard !
- Est-ce qu’un jour, Clochard va parler ?
- Non.
- Pourquoi ?
- Le sort qu’il a reçu s’avère beaucoup trop intense ! Je demeure… une petite fille.
- Oh non…
- Mais ne désespère pas ! Veux-tu revoir ta famille ?
- Je n’ai plus de famille. C’est Canard, maintenant.
J’étais idiot ! Excusez ma minable tactique de
défense : je n’étais qu’un enfant ! Il fallait bien que je me forge,
contre vents et marée, une identité.
- C’EST FAUX ! Ta mère t’aime, elle n’a cessé de
vouloir te récupérer auprès de Canard !
- Ah bon ?
- Oui ! Et j’ai vu ton père, il est très très gentil !
- Alors pourquoi ne m’ont-ils jamais fait évader ?
- Tu as vu Canard ?
- Quoi ?
- Il est rondouillard… On ne croit pas, à le voir, que c’est un séquestreur d’enfant ! Je le leur ai dit, ils ne m’ont pas cru !
- Quoi ? Tu veux dire… qu’ils me laissent ici, pensant que je suis mieux éduqué ?
- Oui… Ils te laissent ici car ils pensent que Canard est gentil.
- Mais eux aussi, le sont !
- Oui, mais ils pensent Canard encore plus gentil – et juste. Ils pensent que ce n’est qu’avec lui que tu peux apprendre la politesse.
- Mais c’est faux, je suis un vilain gamin impoli !
- Je le leur ai dit, crois-moi…
- À cause de lui je ne peux plus pleurer… Cela fait sept ans, petite fille-vieille dame ! Sept ans que je croupis dans cette geôle au lieu de jouir parmi les miens.
- Ne m’appelle pas ainsi ! Je suis Clochard !
- Clochard, je veux que tu parles !
- Pas si fort… Il risque de se douter de quelque chose !
- Ah bon ?
- Oui ! Et j’ai vu ton père, il est très très gentil !
- Alors pourquoi ne m’ont-ils jamais fait évader ?
- Tu as vu Canard ?
- Quoi ?
- Il est rondouillard… On ne croit pas, à le voir, que c’est un séquestreur d’enfant ! Je le leur ai dit, ils ne m’ont pas cru !
- Quoi ? Tu veux dire… qu’ils me laissent ici, pensant que je suis mieux éduqué ?
- Oui… Ils te laissent ici car ils pensent que Canard est gentil.
- Mais eux aussi, le sont !
- Oui, mais ils pensent Canard encore plus gentil – et juste. Ils pensent que ce n’est qu’avec lui que tu peux apprendre la politesse.
- Mais c’est faux, je suis un vilain gamin impoli !
- Je le leur ai dit, crois-moi…
- À cause de lui je ne peux plus pleurer… Cela fait sept ans, petite fille-vieille dame ! Sept ans que je croupis dans cette geôle au lieu de jouir parmi les miens.
- Ne m’appelle pas ainsi ! Je suis Clochard !
- Clochard, je veux que tu parles !
- Pas si fort… Il risque de se douter de quelque chose !
Il ouvrit en effet la porte.
- Donnez-moi cette pierre.
- Laquelle ?
- CELLE AVEC LAQUELLE TU ÉTAIS EN TRAIN DE PARLER, SACRIPAN !
- Voilà.
- CANARD !
- Voilà, Canard. Je daigne m’en séparer, car c’est pour mon bien que tu m’élèves aussi durement.
- JE NE SUIS PAS DUR ! ICI EST LE LIEU DE VOTRE DERNIÈRE CHANCE ! AU REVOIR !
- Au revoir.
- CANARD !
- Canard. Canard. Canard. Canard. Oui bonjour, au revoir Canard.
- Tu n’es pas sorti de sitôt !
- Laquelle ?
- CELLE AVEC LAQUELLE TU ÉTAIS EN TRAIN DE PARLER, SACRIPAN !
- Voilà.
- CANARD !
- Voilà, Canard. Je daigne m’en séparer, car c’est pour mon bien que tu m’élèves aussi durement.
- JE NE SUIS PAS DUR ! ICI EST LE LIEU DE VOTRE DERNIÈRE CHANCE ! AU REVOIR !
- Au revoir.
- CANARD !
- Canard. Canard. Canard. Canard. Oui bonjour, au revoir Canard.
- Tu n’es pas sorti de sitôt !
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