samedi 3 novembre 2012

Ma main, ma sinistre main.




- J’ai mangé des œufs ! Oui des œufs ! Oui, ce matin, j’ai mangé des œufs, ce matin, j’ai mangé des œufs.
- Cela n’a rien à voir avec la présente affaire.
- J’ai mangé des œufs !
- Et alors ?
- J’ai mangé des œufs !
- Un peu de tenue, jeune homme.
- Rendez-la-moi ! Rendez-la-moi !
- Oh oh ! Ce n’est qu’un agneau et ça veut devenir le roi du monde, mais au nom de quoi ? Pourquoi nous avoir affrontés, Matthieu ?
- Ma main, ma main, vous me l’avez volée ! Vous me l’avez coupée, j’ai mal, du sang coule et tu ne fais rien ! J’ai mal, je souffre, je vais bientôt mourir et pourquoi ? Par pur désamour de ma propre mère ! Maman, maman, pourquoi m’avoir fait ça, papa, pourquoi l’avoir laissée ?

Ils ne répondent pas ces lâches ! Mais je souffre ! Je souffre ! Ils viennent de me couper la main ! Je ne me laisserai pas faire ! Aaaaaaaaaaaah !

- Où l’a mise papa, je n’ai pas vu, trop aveuglé par mon calvaire, où est-elle, vais-je un jour la retrouver ?
- Non.
- Mais pourquoi ? J’ai besoin de m’en servir ! C’était ma main, je suis né avec, elle était une partie de l’absolu de mon être…
- Ainsi tu ne recommenceras pas.
- Mais c’est injuste ! Où est-elle ? Il faut me la recoudre ! Immédiatement !
- Non.
- Je veux ma main ! Ma main ! Ma propre main, sans qui je ne suis rien ! Maman, rends-moi ma main, s’il te plaît !
- Non.
- Ma main, ma main, ma bien-aimée !
- Tu en as une autre, chenapan ! Cela t’apprendra ! Paf !

Elle me gifle ! Oh ! Revoilà papa ! Une jolie cage en verre il cloue sur le mur, à l’intérieur de laquelle siège ma main.

- Mais c’était ma main ! Je l’utilisais ce matin, pour manger mes œufs, maintenant ça ne me sera plus possible, et d’ailleurs même pour me doucher j’aurai des difficultés !
- Tu n’avais qu’à réfléchir, imbécile ! me répond papa.
- J’aurai des difficultés pour tout, car c’était ma main droite, je n’ai plus qu’un moignon ! En plus, il saigne ! Ma douleur est intense, comment la combler par pitié, mes parents, vous êtes tout ce que j’ai !

Maman prend la parole.

- Jeune homme, arrêtez vos caprices ou ton père et moi te coupons l’autre ! Et puis le pied droit, le gauche, et puis les yeux tant qu’on y est ! Tiens-toi tranquille !
- Mais la vie me sera beaucoup plus difficile !
- Personne n’a dit qu’elle était une partie de plaisir ! Arrête de jouer, et tout se passera bien ! La voilà, votre main : posée sur la cage du mur, en plein milieu du salon ! Au lieu de chialer comme un môme, pense à tous les invités qui te féliciteront de ton courage !
- C’était ma main, je ne l’ai plus, je l’ai perdue !
- Tu veux qu’on invite Danièle ?
- Mais non, je veux un médecin, même immédiatement car je souffre !

Papa prend la parole.

- MAIS IL VA NOUS EMMMMMMEEEEEERDER ENCORE LOOOOONGTEEEEEMPS ?
- C’était ma main !
- C’est pour ton bien qu’on a fait ça, tu devrais nous remercier, au lieu de rapetisser de vingt ans ! Allons bon, qu’est-ce qu’on a fait pour avoir ce foutu môme ? C’est de ta faute, Raémie ?
- J’ignore. Celle de la société, je l’espère… On ne leur inculque plus les bonnes manières ! Même pas foutu de dire merci !
- Désolé maman, désolé papa… Merci, merci du fond du cœur. Je veux vous offrir un cadeau !
- C’est ça, on te croit, salopiaud !
- Je vais vous amputer à mon tour !
- En quel nom je t’en supplie ?
- Le mien propre, autrement dit nul doute que vous serez heureux, satisfaits, sereins, par mon modèle que vous avez pris soin de bien confectionner, pour les valeurs que vous souhaitez grandes et qui cependant…

Papa s’en va. Mais dans quelle direction ?

- Oh maman j’ai peur, j’ai peur de papa, je ne veux pas qu’il me mutile à nouveau s’il te plaît protège-moi, je serai bien sage et je le jure, et je le jure absolument donc protège-moi s’il te plaît.
- Ah, tu ne vas pas recommencer !

Je pleure. Tel un môme, je chiale – nooooooooooooooon ! Nooooooooooooooooon !

- Non papa ne fais pas ça, je ne recommencerai pas, je suis déjà bien, je suis en effet très souriant car je regrette mon amour grâce à vous par conséquent je vous remercie car je vous aime déjà vous êtes vraiment très bons, très intelligents, aussi je vous remercie !
- Tu as pris la hache mon chéri ? demande-t-il à maman.
- Non, par pitié car je vous aime ! En effet vous me l’avez appris ! Mais s’il vous plaît je mangeais des œufs ce matin, donc n’en faites rien car… Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Je souffre ! Oui je souffre ! Oui je souffre ! Pas la piqûre, s’il vous plaît je veux de l’épargne !

Papa semble s’adoucir.

- Bon. C’est d’accord. Mais la prochaine fois…

Je me jette sur lui.

- Ooooooooh, papaaaaaa !
- Allons, allons, mais ne recommence pas ! Tiens, admire plutôt ce chef-d’œuvre !
- Mais je ne l’aime pas, papa, tu le sais bien… Elle représente un paradis perdu et moi, je préfère me centrer sur l’avenir, c’est grâce à cette aventure qu’en moi s’est installée cette conclusion formidable !
- Bien. Comme tu as dû avoir mal, je te propose des invités.
- Pour la répression ?
- Oh, par pitié, pas de ça avec moi notre chéri… Pas de ça avec moi.
- Désolé papa.
- Ce n’est rien. Lesquels veux-tu ?
- Tata !
- Tu veux ta tata ?
- Ben, oui, et puis mes cousins, en l'honneur de ma main qu'ils verront toute jaune.

C’est un piège ! C’est un piège ! Et c’est moi qui le leur tends, pour qu’ils apprennent à se moquer de moi, la sagesse et la puérilité ! S’il vous plaît !

- Papa, s’il te plaît papa, puis-je appeler mes charmants parents ?
- Non !
- Puis-je alors t’écouter tes ordonnances ?
- Bien sûr ! Repose-toi, s’il te plaît mon fils, sur mes genoux !
- Merci papa !

Le téléphone sonne. Touuuu… Touuuuuu… Touuuuu… Touuuuuu… Touuuuuu…

- Le haut-parleur ! Le haut-parleur !

Je clique sur le bouton !

- Allo ? c’est la tata qui parle.
- Allo oui bonjour Ramice, c’est Trobé. Comment ça va ?
- Oh, la routine et toi ? Moi je ne fais rien de la journée je me contente de… contempler. Je suis là, et lasse, tu le sais bien mon frère – environ 300 000.
- Je t’appelais pour te demander s’il t’était joyeux de te rendre à la maison, la mienne propre, ainsi que de ma femme et – bien sûr – de notre fils, si charmant, désormais viril !
- Oooooh… Est-il devenu… homme ?
- Bien sûr ! Tu veux voir le chef-d’œuvre ?
- Oh, ma foi, je ne sais pas si c’est très légal…
- Allez, ne fais pas la chochotte…
- Mais je suis une femme, moi ! Je suis de sexe féminin, je suis une XX, mon frère – environ 300 000.
- C’est la tradition, tu le sais !

J’arrache le téléphone.

- Tataaaaaaaa n’en fais rien il meeeeeeeeeeent ! Il meeeeeeeeeeeeeeeent ! Il meeeeeeeeeeeeeeeeeeent ! Il meeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeent ! Méchant ! Méchant !

Je tape mon père, en vain. Bien sûr, il reprend le téléphone et continue sa conversation – exactement comme si je n’existais pas ! Mais c’est pourtant le cas, je dis la vérité moi, car je suis authentique, ma main s'avérait naturelle c’est lui qui combat l’environnement perpétuel ! Je suis fort désappointé, car avant je l’aimais bien, je l’aimais bien moi, nous souriions ensemble et nous jouions à la marelle, environnant l’assourdissant cœur ! Ah, sacré Michel, car il ne s’appelle même pas Trobé, son prénom s'est altéré, c’est un imposteur !

- Imposteur ! Imposteur ! Dis tout de suite la vérité à tata ! S’il te plaît !
- Ah, bas les pattes toi, aaaaaah, rhaaaaaaaa, toujours dans mes pieds le petiot, c’est qu’il est agaçant à la fin, s’il te plaît barre-toi, s’il te plaît j’ai nul besoin de toi, par pitié je parle à ta tante, alors laisse-moi tranquille car c’est pour ton formidable bien-être alors je mérite un merci !
- Mais passe-la-moi, papa, car tu es en train de lui mentir, je ne suis pas viril ! Pas du tout !
- Arrête avec ça.
- Je veux le raconter à tata ! Je veux le raconter à tata !
- Cesse un peu s’il te plaît ! Bien, Raémie, tu m’écoutes ?
- Oui, continue de jacasser, je sais ce que sont les hommes ! Dès qu’ils sont virils, ils ne nous écoutent plus !
- C’est précisément pour sa fête qu’à la maison nous te voulons, afin de l’encercler de ta vie bienheureuse et… le féliciter. S’il te plaît.
- Mais… Ce n’est donc pas une virilité ?
- En quelque sorte, oui. Viens ici, tu bénéficieras d'une agréablement surprise.

J’interviens.

- Papa, passe-moi tata.
- Non !
- Tata, il te ment ! Tata, il te ment !

Papa raccroche et me gifle.

- Tu m’as beaucoup déçu, fils. Mais je t'accorde une chance. Tu jouiras de toute l’après-midi pour te balancer.
- Mais papa, je te présente mes plus sincères condoléances, et les vœux les plus sincères afin de te rétablir et moi par la même occasion, pour nos bons jours !
- Tu ne te rattrapes pas vraiment, mais admettons. Maintenant, nous n’avons plus qu’à attendre tata.
- Elle est où maman ? Elle me manque, car j'ignore sa momentanée localisation, je ne suis plus guère viril en sa raison, s'avérait-ce votre funeste dessein ? Par cette amputation me rendre vigoureux ?
- C’était en premier lieu pour te punir. Afin de respecter la tradition, car ce que tu as fait n’est pas bien. Nous avons été bien généreux d’en avoir laissé passer 300.
- Mais quelles 300 ? QUELLES 300 ?
- 300 bêtises après lesquelles nous aurions pu t’arracher des membres… Tu le sais bien. Nous laissons tout passer, et voilà ce que tu es devenu : un enfant-roi !
- Alors merci du fond du cœur, et vivement que tata vienne ! Et ma maman à moi !

Drrrriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiing.
C’est moi qui ouvre la porte ! Pas papa, non, je l’ai jarté papa, papa c’est moi ! C’est moi ! Oui c’est moi ! Bien sûr ! C’est moi ! Oui, c’est moi qui viens de le faire oui, oui, oui - bien sûr ! Bien sûr - évidemment, haha ! Mais oui, mais bien sûr oui, oui, oui, oui bien sûr oui, oui, oui, oui ! Bien sûr - haha ! Mais bien sûr !

- Bonjour tata !
- Oui fiston. Oooh, mais que vois-je en mon périmètre sacré ?

Papa me transperce et je tombe, et je dégringole.

- Mais Raémie, amène-toi au salon, nous t’expliquerons !
- Je veux bien, car il est pas viril le petiot !
- Tadaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaam ! s’exclame-t-il.
- Oh… Mais… C’est sa main ?
- Oui !
- Vous lui avez fabriqué un moignon, dans le but évident de l'efféminer ! Vous l’avez efféminé ! Oui efféminé ! Efféminé !
- Contemple au lieu de dire des bêtises !
- Très bien, obtenez-la-moi, vous savez pertinemment que j’ai HO-RREUR de rester debout !
- Matthieu, tu donnes ta main à ta tata ?
- Oui papa ! Très bien, papa !

Je la touche, les larmes aux yeux… Sa vue m’est insupportable… Aaaaah ! Il faut que je la jette à la poubelle ! Immédiatement ! Je cours, je cours, je cours, hors de ma vue fenouil !
Non ! Papa s'agrippe à moi, je le mords et je m'écartèle ! Au sein du jardin je me positionne, voici devant moi ma maman, car elle me voit ! Je vous en supplie, laissez-moi grimper par-dessus la barrière, pour notre bon-vouloir ! S’il vous plaît !

- Matthieu, ne fais pas le con sinon nous appelons la police ! Et là, ce n’est plus ta main, que tu perdras.
- Méchants !! De toute ma vie jamais je ne me suis replié de bonheur comblé ! Je ne vous remercie pas ! Jamais ! Je m'en vais, j'ignore encore où mais je vous quitte, et définitivement, car vous m’avez coupé la main, c’en est trop !

La tante prend la parole, dégoûtée.

- Mais-c’est-qu’il-est-hoooo-rriiiiiiiiiible ! Il est horriiiiiible, ce garnement ! Reviens-nous de suite, s’il vous plaît monsieur, ou couic, c’est le cou que nous te couperons, ou les yeux, pour t’enfermer dans une cage, celle de ta main, que jamais plus tu n'admireras ! Et dire que j’étais fière - raclure ! Tu me déçois beaucoup, fumier !
- D’abord tu n’es pas ma tata !
- Salopard, rejoigne-nous au moins pour l’État !
- Je m’enfuis, vous ne m'embêterez plus !

Ouf… Je suis dans la rue, je les ai semés ! Je suis dans la rue dépourvu de la moindre culpabilité ! Nul regret ne m’atteint, malgré mon moignon ! S’il vous plaît !
Aaaah… Aaaaah… Je halète, ma main à la main. Je… me rends… chez… un… libraire.

- Oh, bonjour, monsieur… le… libraire. Bonjour, oui bonjour monsieur le professeur vous m’allez bien, j’espère, car, voyez, mon moignon… ma main coupée.
- Je ne vous en veux point, vous le savez fort bien.
- Comment cela ? Mais… vous me connaîtriez ?
- Il s’agit d’une évidence, jeune homme !
- C’est étrange, car moi je ne vous ai jamais vu.
- Et pourtant.
- En même temps, je ne regarde pas les gens. Jamais. De toute ma vie… je n’ai jamais regardé l’altérité dans les yeux.
- Mais, les joues, l’allure et la personnalité ?
- Je ne sais. Mais j’avais une main… que j’ai perdue.
- Vous avez dû commettre une sale connerie, mon garçon ! Après le mal on paie, c'est normal ! Sinon dans quel chemin succomberions-nous ?
- Mais non ! Je possède en mon souvenir son côté vraiment pratique... Perdue, l’amie ! Je ne la reverrai plus.
- Vous la tenez encore au sein de votre main. Sans doute plus pour longtemps alors… si vous vous donnez la peine de marcher jusqu'à l'étroit imbroglio.
- Je n’en sais rien. J’ignore si je me donne la peine.
- Venez, et installons-nous confortablement, au milieu des livres de mon coffre-fort.
- J’aime cette odeur, j’aime cette ambiance, mon bon homme. J’espère… que vous n’êtes point dangereux.
- Ah, ça !
- Ne voulez-vous point me l’annoncer, même brusquement, de façon décevante, s’il vous plaît ? C’est pour savoir ; c’est pour l’honneur de la Vérité.
- Honneur, Vérité, Chasteté.
- Je ne comprends pas les extrêmes, que veulent-ils dire ?
- Envolez-moi votre moignon, s’il vous plaît montrez votre main.
- Ah, ça, JAMAIS ! Si vous voulez la voir, alors observez-la de loin !
- Alors je ne puis rien pour vous. Allez-vous-en !
- Je préfère encore vous quitter plutôt que de la risquer de perdre… Vous êtes MALHONNÊTE, voilà ce que vous venez d’affirmer, par vos paroles, par vos actes !

Je pleure, encore une fois. Quel mal agite ces personnalités ? Pourquoi remuent-ils une insensée rancune à mon endroit, pourquoi m’ont-ils arraché la main, la mienne propre, en quel honneur ont-ils ma destruction pour désir, ferais-je l’objet pour eux d’une formidable obsession simultanée ? Pourquoi ne me lâchez-vous pas ? Je veux juste vivre, et sereinement, dépourvu de votre compagnie sinon sympathique !
Je suis dans la rue, toujours ces voitures, je veux la campagne afin d’enfin me reposer pour contempler ma main, ma pauvre main, fruit de la Sagesse Impure ! La Sagesse Impure ! La Sagesse Impure !
Ah… ah… ah… Je me repose… auprès d’un arbre d’un jardin municipal, je n’en ai plus pour longtemps car le soleil déjà se présente rouge ! Je suis fatigué mais je suis assis, par conséquent je me pose et contemple ! Ma main ! Ma pauvre main, toujours ensanglantée par ce malheureux crime au nom de l'Invisible Bien, mais elle était naturelle en moi je crois, j’étais heureux d'incessamment l’utiliser ! Je l’affectionnais, ma main. Elle m’aidait beaucoup, c’était ma seconde altérité, car elle me faisait manger, boire, m’habiller, griffonner, surligner, dessiner, voir, écrire, envier ce qui chez l’autre est absent ! Moi, mon moi propre, moi seul suis gentil, moi seul suis généreux, je suis triste, même si personne ne le reconnaît, car je suis ambiant ! Je suis ambiant ! Oui ambiant ! Oui ambiant !
Ma main, ma pauvre main, tout ensanglantée, mais je suis là, papa est là s’il te plaît regarde-moi ressens-moi je suis ton maître et tu es mon esclave et – aaaaaaaaaaaaah ! – un… autrui t’a… libérée, Main, elle t’a libérée, mais… Mais non ! Mais non ! Mais je me trompe, car sans moi tu n’es… rien… Inerte… Morte ! Par pitié, reviens-moi s’il te plaît ! Ressuscite… Par pitié pour ma personne et… pour toi. Courage ! Prends un peu de force, par cette eau, je possède en mon sac une bouteille, que sur ta tête je renverse, jouis : de l’eau ! Deeees petiiiites gouuuuttes d’eauuu… Ma chérie, tu es ma seule amie… Tu l’as toujours été. Jamais personne auprès de moi ne m’a soutenu… sinon toi. Sinon toi. Ma bien-aimée, ma personnalité, débarrasse-moi de mon moignon qui, grâce à Dieu, pas encore cicatrisé n’a.
Je lui renverse le liquide et cependant c'est la Persistance Inactive. Par pitié pour notre amour d'antan : revis !

- Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Ça ferme ! Ça ferme ! Ça ferme ! Bip ! Bip ! Bip ! Bip ! Ça ferme ! Ça ferme ! Ça ferme ! Ça ferme !
- Monsieur, que faites-vous de ma main ! Eh ouais, la voilà, et dans vos yeux même hein, devant ceux-là mêmes qui me conspuent ! Ils me narguent et pourtant, je m’indiffère à cette personne, à ce fait si singulier qu’il ne m’atteint point !
- Cela m’écœure, annulez, jouez avec vos propres enfants, si vous en possédez, sinon s’il vous plaît lâchez-moi, l’odeur m’est insupportable !
- Il ne s'agit que de sang, c’est bon pour la santé, c’est le fer ! C’est le fer ! C’est le métal ! Un oligo-élément très essentiel et qui par un stratagème étranger me fuit !
- Allez-vous-en, par pitié, cette odeur m’est insupportable.
- Je vais siffler à votre place et vous, vous me tenez la main !
- Non, l’odeur m’est insupportable ! Il faut la jeter !
- Un homme à la mer ! Un homme à la mer !
- Mais qu’avez-vous ?
- Rien. Je vous imite.
- L’odeur m’est insupportable, s’il vous plaît lâchez-moi de vos coups je ne veux pas.
- Bien. Vous l’aurez voulu !
- Je suis une femme et des enfants, s’il vous plaît Madame !
- Je suis un monsieur !
- Mais vous n’avez pas de main… S’il vous plaît, ne m’attaquez point !
- Ne vous inquiétez point, je te quitte !
- En reste-t-il ?
- Non, une seule – mes parents ne m’ont coupé que la droite, raison pour laquelle j'ai couru de ma maison car alors, ils ne me sont pas apparus sympathiques.
- Mais c’était pour votre bien ! Il ne faut jamais désobéir à ses parents !
- Mais ce n’était pas pour me punir, c’était par jouissance !
- Pure, par jouissance pure vous êtes sûr ? Écoutez, dans ce cas, j’ai un ami médecin… Portez plainte, vous gagnerez ; vous avez ma parole.

Nous nous serrons la main.

- Ah, elle est tombée, pardonnez-moi je la ramasse !
- Ce n’est rien, tant que vous m’assurez qu’elle me reviendra.
- Une main, c’était votre main et injustement vos parents vous l’ont pris ! C’est injuste ! C’est injuste, n’hésitez pas à en faire part à ma fille, qui, je n’en doute pas, ne manquera pas de vous demander en mariage.
- Je n’en veux pas, de cette saloperie.
- Vous osez insulter ma fille ?
- Je veux simplement votre médecin, rien de plus.
- Très bien, dans ce cas…

Il me fait signe de tendre l’oreille.

- Dans ce cas, venez ici, à la première heure.
- Avant le réveil ?
- Avant le réveil !
- Très bien. Vous m’assurez que ma main je récupèrerai ?
- Ah, de ça je ne sais. S’il vous plaît, demain venez !
- Très bien !

Je vais devoir être fort, mon garçon, je vais devoir persister dans la Vie jusqu’au jour prochain, pour… ma main. Je n’ai personne au monde. Je suis seul, et vigoureux malgré mon absent organe – je suis phocomèle ! Je suis phocomèle ! Oui phocomèle ! Oui phocomèle ! Je suis phocomèle et vous en êtes indifférents… Ingrats enfants ! Je ne vous aime pas ! Mais j’ai mes bras, j’ai mes jambes, il me manque juste une main donc par conséquent de pires sorts nous nuisent - l'Autorité Supérieure.
Quel nouveau comportement puis-je adopter ? Mais comment pourrais-je brusquement m'altérer ? J’espère qu’un piège le monsieur ne m’a point tendu ! Je l’espère, ou sinon… couic ! Je vais le dire à ma mère ! Je vais le dire à ma mère, qui va te couper l’atmosphère ! Eh ouais, elle sait faire ça ma mère, eh ouais, eh ouais !
Mon garçon je ne vous aime pas, car vous n’avez point senti la punition ramper. Vous vous êtes laissé faire ! Vous vous êtes laissé piquer ! C’est mal !
Je peux inverser les rôles anciens, Mademoiselle la Main, s’il vous plaît, manifestez-vous… Vous me manquez déjà tellement ! Parlez-moi, et je vous répondrai… Mademoiselle ! Revenez à moi, je vous en supplie !
Je marche, je marche, je marche et persiste, et dans la rue je continue et toujours la ville c’est, emplie de personnages dénués d'intériorité, dépourvus de la totalité de l’âme incarnée, supposée, des hommes et femmes purement automatiques et punissants. Pas puissants, car je leur suis supérieur. Vous êtes mes obligés ! Mes obligés ! Vous êtes mes obligés ! S’il vous plaît, messieurs-mesdames, venez à moi, vous allez voir !
Je me poste devant un distributeur de billets.

- Eeeeeeet aaaaapprochez-approcheeez, vous voulez voir ma main coupée ? La voilà ! J’ai été méchant, punis mes parents m’ont ! J’ai fait une bêtise ils m’ont corrigé !

Invisible ! Je suis invisible, car je n’existe pas, car je le savais, je l’ai toujours senti s’il vous plaît revenez je m’ennuie je veux… retrouver… Mademoiselle la Main, en mon être. Je pleure. Une petite fille vient à moi.

- Pourquoi t’as plus de main ?
- Parce que… snif ! mes parents me l’ont coupée !
- C’est méchant.

Sa mère intervient.

- C’est parce qu’il a fauté. Allez, viens, pas de temps à perdre avec les clochards, l’Horreur Désincarnée.
- Madame, cousez ma main !
- Vous ne le referez plus la prochaine fois ! Aaaaah ! Et depuis quand on vit dans un monde de bon cœur ? J’ai tous mes organes car j’ai été sage ! Il faut respecter l’altérité !
- Et depuis quand elle m’cause, l’altérité, hein ?
- Mamaaaaan le monsieur il a mal, il a plus de main.
- Si tu le plains encore je te coupe la tienne !
- Oh non maman, s’il te plaît, fais pas ça !
- Alors tais-toi, bon sang.

Ce n’est pas de ma faute, à moi, si j’ai des parents méchants, ce n’est que de la malchance, j’aurais pu tomber mieux, mais j’ai toujours la gauche, messieurs-dames ce matin je mangeais des œufs, avec une fourchette et donc ce présent organe qui m’était attaché, ce qui n'est plus le cas car il a disparu, je suis perdu, je le reveux absolument car il me manque et sans lui… je suis tout désorienté.
Aaah, aaaah, et la ville, la ville, la ville dont les limites me sont inconnues ! Je vais y succomber ! Pour toujours ! Et cette main, qui coule et qui de rouler menace, et mon rendez-vous de demain matin ! S’il vous plaît ! Pardonnez-moi maman, pardonnez-moi papa, je ne recommencerai plus je… retourne chez vous. Pour la nuit. Uniquement.
Je me rends vers ma fenêtre qu’à l’aide d’une pomme de pin je casse, je rentre et je suis content, mon… Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Mon lit n’est plus ! Mon lit n’est plus !
Un trou béant gît à la place – que faire ? Dois-je… appeler mes parents ? Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah ! Ils se sont désincarnés ! Ils se sont désincarnés ! Ils n’ont plus d’yeux, ils n’ont plus d’yeux !

- C’est toi, mon chéri ? Nous t’avons confectionné de la brebis.
- Non, je ne vous crois pas !
- Regarde, avec un petit pot de beurre, pour l’amour de ta mère.
- Mais, mais… je ne t’aime pas !... Tu m’as coupé la main, je ne t’aime plus !
- Je t’ai apporté de la brebis et du petit pot de beurre pour me faire pardonner ; s’il te plaît, prends, s’il te plaît avale !
- C’est un piège auquel je ne prendrai pas ! Avale-le toute seule, c’est un cadeau qu’en bon fils je te fais !
- Je crois que tu n’as pas compris. Installe-toi.
- C’est un trou béant !
- Repose-toi dedans, je vais te couvrir d’une serpillère.
- Tu n’es plus… ma mère… Plus depuis que… tu m’as… amputé… d’une main.
- Prends cette brebis, et tu iras mieux.
- Non !...
- TU VAS L’AVALER OUI !

Je fuis, je fuis vers le jardin, mon père est là, vous ne m’aurez pas, aaaaaah, ma tante était derrière, elle me prend dans ses bras me porte, aaaaaaaaaaaaah !
Je suis dans le salon.

- Bien sûr nous avons été brusques, mais c’était pour ta félicitée, pour te perfectionner dans le droit chemin. Le paradis ! Depuis déjà trois ans que mesure ta sortie… Nous avons craint qu'elle ne soit perpétuelle, alors, nous nous sommes dit qu’un tel choc ne pouvait que te faire jouir. Pour que tu comprennes l’honneur de tes aînés ; et le tien. Tu leur dois un culte !
- Pas à vous, car je suis né avec cette main, c’était naturel !
- Mon chéri, rends-la-nous, que nous la reposions dans la cage en verre.
- Non !
- Vraiment ? À la une… à la deux…
- NON !
- Et hop !

Ils se sont pris à trois pour me la voler ! C’est injuste, car j’étais seul, et mon rendez-vous de demain, et mon rendez-vous de demain ?

- Clic-clac, nous l’enfermons, pour qu’elle soit bien au chaud, bien en sécurité, pour que tu ne la reprennes pas. C’est pour ton bien, mon chéri.
- C’est horrible !
- Nous ne sommes pas dans ce monde pour un rire superficiel, ce n’est une nouvelle pour personne !
- Mais quel rapport ? Je veux ma main, c’est tout naturel !
- Cela t’apprendra à respecter tes aînés ! C’est par amour que nous le faisons ! Regarde-nous !
- Quoi ?!
- Nous n’avons plus d’yeux !
- Mais comment faites-vous pour… voir… ?
- Nous ne voyons plus. Mais nous ne sommes pas perdus pour autant !
- Je n’y comprends plus rien, c’est vous qui vous êtes crevé les yeux ?
- Nous nous sommes fait du sang d’encre durant ton absence ! Alors, à force de pleurer… Ah, tu ne nous auras offert que du malheur !
- Et vous donc !
- La société ! S’il te plaît Vincent, respecte-la !
- Je croyais que je m’appelais Matthieu.
- Oui, bon, c’est pareil.
- Mais comment je m’appelle, alors ?
- Euh…
- Comment je m’appelle, moi, alors, si c’est pas Matthieu ?
- Euh…
- Comment je m’appelle moi, et puis comment vous vous appelez, papa, papa, comment tu t’appelles ?
- Je ne sais. Là n’est pas l’important. Cela fait longtemps que nous te voyons partir et… nous ne sommes pas contents.
- Mais je ne comprends pas ! En quoi est-ce juste d’amputer d’une main son enfant ?
- La virilité, cher homme, la virilité ne se paie pas, elle se prend !
- Faut-il que je m’empare de vos mains ?
- Non. Simplement, je ne veux que ton bonheur ! Ton bien-être, jeune homme, ton bien-être.
- Fariboles que tout cela ! Vous ne souhaitez que m’enfoncer, cependant jamais tu n’en jouiras car je sais les mouvements je m’en vais ! Je m’en vais !
- Très bien.

Je suis dans la rue, je suis dans la rue oui, je suis dans la rue mais sans main ! Et le monsieur ! Et le monsieur, mon fameux rendez-vous rendez-le-moi, rendez-le-moi s’il vous plaît, encore une fois mon bon seigneur, par pitié, c’était ma seule amie et vous me l’arrachez ! Pour m’atteindre, pour me combler, pour me perpétuer dans l’absolu bien-être ! Mais c’est faux ! C’est faux ! Car il ne s’agit que d’une façade, entièrement malhabile et ne sachant saluer !
Ma main, ma main, ma sinistre main, nécessaire elle m'est mais elle est une cage ! Alors quoi, que fais-je, car elle est unique et je ne dois l’abandonner ! J’ai par conséquent besoin d’un sauveur, car il me manque de grands pouvoirs et moi, je n’en ai pas, car je suis humain ! J’ai besoin d’aide moi, par conséquent j’ai besoin d’aide !
Je m’installe sur un banc, tendant mon moignon aux passants. Je leur parle.

- J’ai un moignon ! J’ai un moignon ! Regardez-moi messieurs-dames, je n’ai plus pour tout outil qu’un moignon, c’est-à-dire aucun, car il imprégnait mon être on me l’a pris ! Mes propres parents, pourquoi ? Pour me punir, car ils pensaient que je deviendrais… meilleur. Personne me parle ! Personne me parle ! Jamais, car vous avez peur, car je suis différent, vous avez peur de la différence, vous la craignez, car vous la pensez contagieuse mais non, je veux la mienne, de main, pas la vôtre, car en effet je ne vous couperai rien ! S’il vous plaît !
- Noooon-mais-t’as-pas-en-core-fiiiiiiiiiiiii-niiiiiiiiiii ? hurle une chose à sa fenêtre.
- Fini quoi, fini quoi ? Je me battrai jusqu’au bout pour ma main retrouver, car elle était la Nature, madame !
- Je-ne-veux-rien-sa-voir !
- Je veux ma main, s’il vous plaît aidez-moi, car j’ai besoin d’un sauveur et sa localisation je connais !

La dame retourne vaquer à ses occupations, par conséquent je me retrouve seul ; encore une fois. Ma main gauche ne me sert pas ! Ma main gauche ne me sert pas ! J’étais droitier, moi, j’étais droitier, moi, donc la droite m’était utile, pratique, habile et généreuse ! Mais maintenant je ne l’ai plus, car mes parents me l’ont coupée ! J’ai besoin de cette main, car j’aime la nature, elle est jolie mais je suis en ville !
Je marche, observant attentivement mon moignon pour ne plus les voir, je suis triste mais aveugle à l’altérité, celle qui m’a coupé, donc ainsi progressivement dans le mieux j’espère aller – s’il vous plaît. Je suis dans mon moignon, je suis dans mon moignon, mais qu’il est ridicule, il est grotesque, je suis dans mon moignon je le trouve absolument ridicule il est antipathique, je ne l’aime pas, moi, je préfère ma main ; Mademoiselle Main ; Mademoiselle Main Droite – s’il vous plaît.

- Moi j’ai perdu ma main car mes parents me l’ont coupée pour me punir et m’apprendre les bonnes manières, pour devenir généreux, aimant et sympathique, afin d’acquérir… la Vérité.

Personne ne me répond, est-ce de ma faute à moi si jamais l’altérité dans les yeux je ne regarde ? J’ai peur, moi, je dois me couvrir et j’en ai besoin, mais un outil me manque alors on devrait me parler, pour me réconforter car je suis seul et j’en ai besoin.
Je retourne à la maison.
Oh non ! Oh non ! Elle est où la maison, mais où se cache donc sa localisation j’en suis aveugle, mais rien n’est à comprendre, et comment ! Ce n’est qu’un trou ! Ce n’est qu’un trou ! Pourquoi, et ma main, vous m’avez volé ma main, vous me l’avez arrachée puis avalée !
Ma tante surgit.

- Bonjour, mon chéri.

Je lui montre mon moignon, sourcils froncés.

- Je suis en colère ! Je suis en colère ! Je suis en colère !
- Tu viens ?
- À la maison, dans ce… machin ?
- Mais non mon gros bêta, chez moi – s’il te plaît.
- Il y aura ma main ?
- Oui.
- Alors c’est d’accord.

C’est un piège ! C’est un piège ! Mais à qui d’autre me confier, moi qui de toute part manque d’amour et de bienveillante altérité ?
Dans son logis j’entre.

- Voilà, débarrasse-toi. Tu veux souper ?
- Non.
- Il y aura de la soupe ! Il y aura de la soupe ! Il y aura de la soupe !
- Mais comment m’en occuper tandis qu’ailleurs j’ai l’esprit ?
- Tes parents se sont fait du sang d’encre, tu sais… Pauvres des leurs, rejetés par leur propre progéniture !
- C’est parce qu’ils m’ont coupé la main, d’ailleurs j’ignore ce qu’elle est devenue car je veux la retrouver pour une amitié recréer, car c’était ma bien-aimée – c’était ma bien-aimée, c’était ma bien-aimée ! Bonjour, Mademoiselle Main Droite, bonjour, comment allez-vous ?
- Ils sont juste fâchés, mais ils vont revenir. Alors, tiens-toi tranquille ! Et mange ta soupe !


Je la mange, et je saute par la fenêtre afin d’éviter son piège ; mais j’ai repris des forces et j’espère, secrètement… que ce fût une potion. M’en aller me retourner, m’en aller la retrouver !
Je dois ainsi quitter la ville car je le sens mais l’ailleurs est… inconnu. L’ailleurs, mon brave ! C’est ta seule solution !
Et pom, et pom, et pom, et pom ; et pom, et pom, et pom, et pom – je suis un camionneur ! Je suis un camionneur ! Je suis un camionneur ! S’il vous plaît, je suis un camionneur, oui un camionneur, oui un camionneur oui, oui, oui, oui un camionneur oui, oui, oui, oui – s’il vous plaît !

- Allo, les pompiers, je suis gravement malade, il me faut les urgences pour me secourir, absolument mes braves, absolument – je suis malade ! Moi de même ! Et moi de même, par conséquent vous-mêmes, afin de…

Mais voilà que j’entends une… voix. Plusieurs, au loin ! Car ce sont mes sauveurs !

- Oui, on nous a appelés, vous êtes un canular j’espère, car à faire autre chose nous avons !
- Non, je suis réel ! Je vais perdre ma main, regardez !
- S’il vous plaît, nous avons beaucoup de travail !

Je m’enfuis, je m’enfuis car j’ai peur de leur aide, alors secourez-moi si vous le pouvez ! Je cours, car je suis naïf, car je suis malin pour éviter le pire, je cours ! Je cours ! Je cours !
Ah… Ah… Ah… Je vais rentrer à la maison.
Tout est en ordre au reste de mon père.

- Aaaaaaaah, BONJOUR, mon fils !
- Bonjour papa ! Je veux voir la jolie cage, depuis peu construite !
- Mais bien sûr !
- INATTAQUABLE ! INATTAQUABLE ! JE SUIS INATTAQUABLE ! INATTAQUABLE ! Et paf ! Et paf ! Et paf ! crié-je en frappant la porte de la cage.
- Mais enfin, à quoi dépourvu de clef t’attendais-tu ?
- Je n’ai rien mangé !
- Oh, la venue de ton cirque en était la seule cause ! Il fallait le raconter !
- Mais… et les œufs ?
- Nous n’avons pas compris.
- Ah… Tu n’avais pas compris.
- Non. Car nous sommes tous différents ; c’est le multiculturalisme.
- Mais, pourtant… Je pensais que… tu combattais la nature !
- Il est besoin d'un juste milieu, mon fils, ce n’était qu’une contre-partie à… tes… maladresses.
- Mais mon courage, où est-il ?
- Allez viens, je vais te donner la clef ! Mraï, tu viens ?
- Oui mon chéri !… Oh ! Mais c’est Matthieu !
- Bonjour maman, bonjour papa !
- Bonjour, fiston. Tu vas bien ?
- Mieux que ce matin.
- Ah, tant mieux ! Nous nous sommes fait du sang d’encre en ton absence !
- En fait je me suis fâché à cause des œufs car sans la main droite, c’est pratique moins.
- Oh, mais ne t’inquiète pas pour ça, tu vas t’y habituer ! C’est le…

Elle se tourne vers mon père, pouffant derrière sa main.

- Multiculturalisme ? osé-je une supposition soulever.
- Voilà !... Je vais te – hihi ! – nourrir à la petite cuillère ! Comme au… « bon vieux temps ».
- Comme au… « bon vieux temps » ?
- Mais oui, tu te souviens chéri, quand tu n’étais pas né !
- Ah, ça !
- Oui !
- Je veux manger de la soupe, pour mon anniversaire.
- Je vais donc appeler le boulanger !
- Oh oui ! Cela me rappelle mon enfance ! S’il vous plaît partez ensemble, et je fermerai les yeux !
- Et tu compteras BIEN ?
- Oui maman, comme durant mon enfance tu m’as appris !
- Environ… ?
- Environ !
- D’aaaaccord… Papa, mon papinou, s’il te plaît repartons à nouveau tous les deux pour… hihi ! Pour Matthieu !
- Hahahaaaaaa, mais c’est que c’est un COQUIN ! C’est un COQUIN !
- C’est pour manger.
- Hahaha, on ne me la fait pas à moi ! clin-d’œille-t-il.
- C’est pour moi !
- Bien sûr !

Je leur ai s’il te plaît tendu un piège, mon garçon ! Nous allons voir ce que nous allons voir ! En effet ! Je suis seul, car ils ne se sont doutés de rien ! Héhéhéhéhéhé… Je l’avais cachée dans ma poche, cette clef, dans mon blouson – gris ! Dans mon blouson – gris !

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